lundi 2 mai 2011

Le trek de Santa Cruz

Dimanche 24 août 2008, 5h33 du mat'
Mon réveil de secours sonne. Pas entendu le premier à cause des boules-quiès (oui, je sais : finement joué Callagan de dormir avec des boules-quiès alors que je sais que je dois me réveiller aux aurores...). J'ai rendez-vous à 6h à l'agence de trek, située à 5 grosses minutes à pied de mon hôtel. Je prends la douche la plus rapide de ma vie, je m'habille, je vérifie mon sac une dernière fois et je sprinte jusqu'à l'agence pour ne pas rester sur le carreau. J'arrive à 5h58. Je suis le premier. Le départ de Huaraz aura lieu à... 7h03. Si j'avais su j'aurais roupillé un peu plus...

Le groupe est composé de 11 personnes. 2 français (Lionel, 24 ans, + votre serviteur, 31 ans dans 2 jours), un couple de hollandais de 25 ans, un couple d'anglais de 30 ans, un couple d'espagnols de 30 ans, un couple d'Israeliens de 22 ans et un autre Israelien un chouya gratiné au nom imprononçable, le doyen du groupe (50 piges).

Tout ce petit monde est gentiment entassé dans un van improbable dont le chauffeur conduit un peu comme Ralf Schumacher sous LSD. Au programme de la matinée : 4 heures de route jusqu'à Vaqueria, point de départ du Trek. Nous passons à côté du Huascaran, point culminant du Pérou (6768 mètres). La montagne, avec ses deux sommets et ses flancs enneigés, est un véritable monstre.

Nous nous engouffrons dans une étroite vallée, la Quebrada Llanganuco, avec ses lagunes d'un bleu à couper le souffle. Jugez plutôt :



La Laguna Llanganuco


Le van s'engage sur une petite route qui nous emmène au sommet des montagnes qui flanquent la vallée. On fait un pit-stop pour prendre des photos. Ça vaut le détour :



A l'arrière plan, le Huandoy (6395 mètres)

Peu après, l'un des pneus fatigués du van rend l'âme. Changement express par le chauffeur et les guides puis nous reprenons notre route. Enfin, nous arrivons à Vaqueria, notre point de départ. Une troupe de fières mules sera chargée de la difficile mission d'acheminer jusqu'au camp les affaires, la nourriture, et les tentes.



La dure vie de mulasse...

Nous commençons par une longue descente dans une vallée verdoyante où pullulent toutes sortes de sympathiques bestiaux.


Bêêêhh quoi ? Tu veux ma photo ?




Wouf ?

La descente dans la vallée se poursuit sur un rythme tranquille, avec au-dessus de nous les pics enneigés.


Bon style, papa...

A peine arrivés en bas, nous remontons sur l'autre flanc de la vallée. Le jeune couple d'Israéliens traîne un peu les pattes alors que le rythme est franchement soft. Ils vont voir les guides, Richard et Lucas, pour leur demander de lever un peu le pied.


Encore le Huandoy

Je marche tranquillement derrière le groupe, quand soudain une bête déchainée me charge tel le minotaure se ruant tous sabots dehors sur Thésée :




Une fois surmontée cette épreuve traumatisante, je me remets en route. Enfin, nous arrivons au bivouac vers 17 heures. Altitude 3870 mètres. Ca devient sérieux... J'ai un léger mal de crâne mais ça reste tout à fait supportable. Le jeune couple d'Israeliens (en particulier la fille) donne de sérieux signes de faiblesse. Elle semble à bout de souffle. Ils ont un peu sous-estimé le temps d'acclimatation nécessaire...
Le camp est déja installé par les guides. Y a plus qu'à se poser... Le soleil se couche, et bientôt la température devient un brin frisquette... On sort les gros anoraks, les gants, les strings cuir et les bonnets en alpaca. Vers 20 heures, on graille enfin. La nourriture (poulet et riz) est vraiment pas top, mais dans ces conditions et à cette altitude, ça nous semble aussi bon qu'un resto 3 étoiles. Une fois ce repas avalé, il est temps d'aller se pieuter. Avant de rejoindre nos tentes, nous admirons le ciel étoilé, une vision mystique : les étoiles sont si nombreuses et si brillantes qu'on se croirait dans l'espace. La voie lactée est très visible, mer opaline perchée dans l'obscurité de la voûte céleste. Inoubliable.
Nous partageons une tente avec Lionel et l'israelien de 50 ans (un vrai boute-en-train qui pète vanne frelatée sur vanne frelatée et parle systématiquement par aphorismes nébuleux). A trois dans cet espace confiné, avec des tapis de sol d'environ 4 millimètres d'épaisseur, c'est pas vraiment ce qu'on peut appeler un palace. Je passe une nuit assez agitée, parsemée ça et là de quelques minutes de sommeil. Le lendemain matin, je me réveille fourbu mais pressé d'en découdre avec LA grosse difficulté du trek : l'ascension du col de Punta Union (4750 mètres quand-même...). Après un médiocre petit déjeuner à base de pain sec, de confiture et de mate de coca, nous nous mettons en route. Moins d'une heure après notre départ, la jeune israelienne recommence à suffoquer. Lucas, l'un des deux guides, reste avec elle et son copain pour les accompagner à leur train de sénateur pendant que le reste du groupe poursuit vers le col à une allure convenable. Les paysages deviennent de plus en plus spectaculaires :




Petit à petit, on se rapproche du col. L'oxygène se fait rare... On souffre un peu, d'autant plus qu'en tête, Richard, Lionel et Guillermo mènent un train d'enfer. Et comme bien sûr il est hors de question que je me laisse distancer, je m'accroche tant bien que mal. Derrière nous, la voiture-balai, composée de Lucas et du couple d'Israéliens a plus de deux heures de retard... Après un final particulièrement escarpé, nous arrivons enfin au sommet du col. Ca fait plaisir d'etre enfin en haut. Je suis un peu cramé, comme en atteste ma mine de zombie :


Mais rapidement, on se remet de nos émotions et on fête ça comme il se doit par une chtite photo de groupe :


Mission accomplished

Après avoir célébré notre ascension en bonne et dûe forme, nous redescendons vers l'autre versant de la vallée, la Quebrada Cashapampa, que voici, que voila (photo surexposée vaguement corrigée à l'aide de mes piètres talents en matière de retouche photo) :



J'vous jure que ça rendait mieux en vrai !

Après une bonne heure de descente, nous arrivons au deuxième camp, situé à 4260 mètres d'altitude. Lucas arrive 2 heures plus tard, avec les deux Israeliens exténués. Cette nuit là, je dors un peu mieux, malgré l'altitude, mais c'est pas encore l'extase. Le lendemain matin, mauvaises nouvelles en provenance de la tente des jeunes Israeliens. Cette fois c'est le gars qui est au plus mal. Il a manifestement attrapé un sale truc... Le pauvre bougre a vomi toute la nuit et peut à peine marcher. On l'évacue à dos de canasson. Sa copine part avec lui et Richard les escorte. Décidément c'était pas leur semaine...

A notre tour, nous reprenons notre route. Nous partons pour un léger détour afin d'admirer de près l'Alpamayo, élue "plus belle montagne du monde" par l'UNESCO. Rien que ça. Manque de pot, lorsque nous arrivons, son sommet est dans les nuages :
Grrrr :-[
Puisque la vision de la montagne-diamant se refuse à nous, nous reprenons notre route, un brin dépités. Nous poursuivons notre chemin dans la large vallée de Cashapampa.


Plus loin, on tombe sur une mer de hautes herbes où paissent de placide bovins :


Nous arrivons au troisième camp, à 3800 mètres de haut. Lucas nous dit qu'on a de la chance car normalement ça grouille littéralement de moustiques dans le genre coriace. Il nous raconte qu'à plusieurs reprises il a même vu des mules (!) se carapater au triple galop à cause d'une nuée de ces sinistres bestioles. Heureusement, pas de mosquito en vue ce jour là. Dans la soirée, on joue aux cartes avec les anglais (Gavin et Claire) et les Hollandais (Ana et Bono [sic]). Tout ce petit monde est bien bonne ambiance. Puis arrive la nuit, très agitée une fois de plus. Au réveil, j'ai un peu la même mine que Boris Karloff dans Nosferatu. C'est la dernière demie-journée de marche. Nous l'attaquons sur un gros rythme, pressés que nous sommes de prendre une bonne douche. Certains membres du groupe commencent à diffuser un fumet de poney assez prononcé...
Nous descendons d'un bon pas sur Cashapampa. A plusieurs reprises, je m'arrête en chemin pour prendre les derniers clichés de l'aventure :




Enfin, nous arrivons à Cashapampa, notre point d'arrivée, à 2900 mètres. On a bien mérité une bonne mousse, qui après toutes ces émotions et ces privations n'a plus rien d'une simple roteuse, mais prend des saveurs de savoureux nectar...

Nous rentrons à Huaraz en taxi, puis en microbus. Nous battons au passage le record du monde de densité de population dans un véhicule terrestre : 23 personnes empilées dans une poubelle roulante qui ressemble trait pour trait à ça :


Enfin, nous arrivons à Huaraz. Je me rue comme un mort de faim (comme dirait Thierry Roland) à mon hôtel et je prend une bonne douche de 20 minutes. Ca fait pas de mal... Le soir, on se fait un bon resto avec Gavin, Claire, Bono et Ana. On fait moult ripailles et on descend 3 gros pichets de vin d'un litre pour fêter notre arrivée à bon port. Une dernière petite partie de dame de pique puis on se dit au revoir car nos chemins se séparent ici. Gavin et Claire repartent sur Lima et nos amis bataves Bono et Ana mettent le cap sur Trujillo avant de partir dans la jungle à Iquitos pour tenter le fameux rituel de l'Ayahuasca. Quant à moi, j'ai rencontré un groupe de français (1 gars 2 filles) avec qui on a prévu de se faire une rando d'une journée ce 29 août dans un lieu au nom évocateur : la Laguna 69. Espérons qu'on ne fera pas de tête à queue sur la route (Ô, grand dieu des boutades moisies et du calembour avarié, me pardonneras-tu cette blague en mousse ? J'ai honte...) car c'est quand même à 2 heures 30 en taxi. Je vous raconterai tout ça... A bientôt les enfants !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Laguna 69 .. tu me donnes du rêve Fuentes .. vite la suite

Unknown a dit…

Ben voilà les affaires reprennent... huhuhu

En tout cas on voit à ta mine que tu as pris cher... beau périple dont tu peux être fier ma foi !!

Au moins tu auras évité les cyclones de Rep Dom... pas comme Curo :[

BT

Anonyme a dit…

"La voie lactée est très visible, mer opaline perchée dans l'obscurité de la voûte céleste. Inoubliable."

[voix Janic ON]C'est pas du Baudelaire mais il a du style [Voix Janic Off]

Anonyme a dit…

Yo mec !

mea culpa pour ce zappage en règle. J'ai l'impression d'avoir pas mal de trucs à lire... j'édite ça pour ce weekend. Les photos ont l'air pas mal. J'espère que t'as l'occase de croiser des petites bombas latinas ou des MIOLF en perdition....
Je t'embrasse poulette. A très vite.
JN - Black Mamba